Homélie
de Monseigneur Grégoire à Béthanie à l'occasion
de la Fête de Saint Thiébault
29 juin 2008
L'Evangile,
aujourd'hui, nous propose deux enseignements qui, en fait ne font qu'un :
Suivre le Christ sans compromission et se mettre à son école
en prenant son joug qui est doux et son fardeau qui est léger.
Celui
que nous célébrons aujourd'hui, St Thiébault a parfaitement
accompli ces deux préceptes :
D'abord il quitte son père et sa mère, il préfère
le Christ mieux encore il quitte son pays natal c'est-à-dire son conditionnement
naturel et habituel, ses pensées ordinaires pour aller vers d'autres
pensées Dieu nous en avertit par la bouche d'Isaïe: « mes
pensées ne sont pas vos pensées » « autant que le
ciel est loin au-dessus de la terre , autant mes pensées sont éloignées
de vos pensées ».
Par cet éloignement St Thiébault se dépouille du vieil
homme et se met en état de revêtir l'homme nouveau «qui
a été créé selon Dieu dans la justice et la sainteté
de la vérité».
S'étant ainsi dépouillé du vieil homme il prend sur lui le fardeau du Christ et devient pour les autres une source de grâce et de guérison : « Venez à moi vous tous qui êtes fatigués et chargés.. »
Approfondissons un instant ce don particulier de guérison ...
Dans la sainte Ecriture nous lisons un grand nombre de guérisons miraculeuses (c'est ainsi que l'on désigne les guérisons que l'homme n'explique pas).
Mais
dans les Evangiles les guérisons opérées par Jésus
ont quelque chose de plus que celles que nous trouvons dans le premier testament
:
Le plus souvent le Seigneur Jésus fait allusion à la guérison
spirituelle, à la rémission des péchés ... (Mc
2 :1-12) « Mon enfant tes péchés te sont remis ! »
Quand Jésus raconte la parabole du bon Samaritain, Il fait aussi allusion
à la miséricorde. Le psaume 103 y fait une allusion directe
: « Lui qui pardonne toutes les fautes, qui guérit toutes les
maladies ».
La guérison du corps est donc bien une image de la guérison
spirituelle. Cette guérison de l'âme - appelons-la ainsi - est
essentielle pour notre guérison physique, elle la précède
; elle en est même la source dans bien des cas. Certains penseront sans
doute : « Pourquoi ne suis-je pas guéri alors que mon voisin
l'a été ? Dieu ne m'aime pas ! Dieu ne m'écoutes pas
! » ou encore : « je n'ai pas assez de foi ... » Non, Dieu
n'a pas promis ce genre de guérison un peu « magique »,
cette attitude ne conduit pas à la guérison ! Souvenons-nous
plutôt de la parabole de la veuve importune .... !
Il y a des hommes bienheureux qui ont reçu de Dieu ce don de guérir les corps, pour notre bien-être, [ je dis bienheureux, car ils peuvent pratiquer ce ministère de la compassion de manière efficace et être ainsi les imitateurs du Seigneur ] ; mais, tous nous n'avons pas le don de guérir les corps, toutefois sans le savoir, nous avons celui de soigner les âmes en annonçant le pardon de Dieu : « mon frère, ma sœur, tes péchés sont pardonnés ! » Oui, dans la croix du Christ Jésus et par sa résurrection nous avons reçu en plénitude la miséricorde divine.
En commençant par nous-mêmes, sachons nous comporter comme des hommes guéris du péché, et enseigner autour de nous la grandeur de l'amour de Dieu pour nous. Oui, Dieu nous aime au-delà de tout ce que nous pouvons imaginer, et notre souffrance est bien souvent le moyen de prendre conscience de cet amour ; Dieu n'a pas créé la souffrance mais II est présent dans notre souffrance. Comment la dépasser ? Comment entrer dans le chemin de la guérison ? Il faut accepter le pardon de Dieu.
Il s'agit de réconciliation avec nous-mêmes, avec notre corps, avec le monde tout entier, avec Dieu notre créateur.
Faisons la paix à l'intérieur de nous et autour de nous. Je vous invite à y penser particulièrement quant nous nous donnerons tout à l'heure le baiser de paix. Cet acte si simple et si parlant que l'Eglise a placé juste au milieu de la messe. Ce don de la paix cette annonce de la réconciliation était sans doute le don merveilleux de saint Thiébault, c'est cela que les foules venaient chercher auprès de lui. C'est cette paix que je vous invite à recevoir en venant prendre l'onction d'huile que nous allons maintenant vous donner au nom du Seigneur.
A
Lui soit la gloire et l'honneur aux siècles des siècles.
+ Grégoire