Introduction aux études

 

La théologie bouleverse notre vie

 

Préalable

 

A notre époque, on a peur du dogme car le dogmatisme a fait des ravages dans l’histoire des hommes ; il rime avec fanatisme, intolérance, inquisition et, actuellement, avec fondamentalisme et terrorisme !

Nos contemporains rejettent donc les dogmes chrétiens préférant glaner dans diverses traditions, sessions, lectures, rencontres, thérapies… ce qui leur parle, ce qui les touche, pour  construire chacun son propre système de valeurs.


L’aspect positif de la chose c’est que l’on est devenu tolérant, ouvert et respectueux des opinions d’autrui.

L’aspect négatif, c’est que l’on méconnaît la profonde richesse de notre tradition chrétienne, sa capacité à nous transformer, à nous communiquer le contenu enthousiasmant de la Révélation biblique et chrétienne.

On va donc chercher ailleurs (en Extrême Orient le plus souvent) ce qui, croit-on, n’existe pas chez nous.

Dans un certain sens, oui, l’on a raison d’avoir peur des dogmes car ils nous bousculent, nous remettent en question.

Ce ne sont pas des objets de musée, poussiéreux et démodés mais de véritables charrues qui remuent notre terre intérieure, des bras de levier qui soulèvent notre lourdeur ancestrale, le levain dans notre pâte humaine.

Ce sont des paroles de vie qui sont destinés non à être savamment exposées, rationnellement commentées, et froidement disséquées mais à être expérimentées, vécues.

 

Dans notre tradition orthodoxe, la théologie n’est pas une discipline universitaire destinée au plaisir intellectuel de chercheurs déconnectés de la vie réelle.
Le dogme trinitaire nous invite à expérimenter la vie trinitaire, à bouleverser notre vision de Dieu, de nous-mêmes et du monde.

Le dogme de l’Incarnation-déification nous amène à placer le Christ au centre de nos vies et transforme notre manière de penser, notre façon de vivre.

On ne sort pas indemne de la contemplation des dogmes chrétiens car ils nous sont donnés pour être mis en pratique.

Si le mystère trinitaire nous a touché, s’il bouscule notre confort individualiste, si le mystère du Verbe incarné par amour pour nous bouleverse, nous ne pouvons plus vivre « comme si de rien n’était ».

C’est toute notre vie, notre perception du monde, de nous-mêmes, des autres, de Dieu qui change et nous laboure en profondeur.  

 

La théologie chrétienne n’est pas un système philosophique mais une manière d’expérimenter la présence et l’action de Dieu en nous et autour de nous.

La vie chrétienne n’est pas une morale, ni un tissu d’habitudes, ni une culture, mais une expérience divino-humaine.

Dieu entre réellement dans notre pâte humaine pour la soulever vers la vie divine.

Une vie en Christ inspirée par l’Esprit-Saint qui nous conduit au Père.

Comme pourrais-je vivre « comme si de rien » n’était alors que la théologie me montre comment Dieu pense et comment Il agit. Qu’elle nous révèle l’amour sans limite de Dieu pour nous ?

La théologie orthodoxe est toujours mystique car elle met au centre de nos vies l’union de Dieu et de l’homme.

On peut la comparer à la circulation sanguine qui irrigue le corps de l’Eglise (et au-delà, l’organisme du cosmos).

On ne la voit pas mais elle est sous-jacente à tout ce que nous vivons dans l’Eglise : les prières, les offices, les icônes, les relations entre nous…

Sans la recherche mystique de l’union entre Dieu et nous, et sans la prière, la théologie serait vide et creuse « comme une cymbale qui retendit ».

 

« Si tu pries tu es théologien et si tu es théologien » tu pries disait Evagre le Pontique.

 

Il serait dès lors tout à fait faux de penser que l’on peut se passer de théologie et d’aller son chemin « au petit bonheur la chance ».

La théologie est notre GPS spirituel.

Sans elle comment savoir qui est Dieu, qui nous sommes, quel est le but et le chemin ?

 

* J’aimerais aussi dissiper un autre malentendu.


Après avoir sans doute entendu parler de Dieu à tort et à travers on a plutôt tendance, à notre époque, à affirmer qu’on ne peut rien dire de Dieu. Mieux vaudrait l’honorer par le silence.

 

Comment comprendre alors que tant de Pères de l’Eglise, de moines, d’évêques et de saints aient pris la peine de parler de Dieu en termes positifs ?

Comment expliquer l’ardeur des luttes doctrinales qui ont agité l’Eglise pendant des siècles pour tenter de formuler l’indicible ? Ne valait-il pas mieux se taire ? Ne vaut-il toujours pas mieux se taire aujourd’hui ?

 

Pour comprendre l’importance des paroles sur Dieu, il ne faut pas perdre de vue cette antinomie féconde :

- d’une part, Dieu incréé est inconnaissable. Sa nature divine nous est inaccessible, incompréhensible…  Il est transcendant et l’homme, sa créature, ne peut percevoir sa grandeur que dans un saisissement sacré ;

- d’autre part, pourtant, Dieu Se révèle à nous : à travers la nature, la Bible, des théophanies et l’Incarnation du Verbe, Sa Parole, Son Logos qui Se montre, nous parle, nous enseigne.

« Personne n’a jamais vu Dieu mais le Fils unique qui est dans le sein du Père nous l’a fait connaître » écrit St Jean (1-18)

et aussi :

 « Le Verbe S’est fait chair et Il a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité, et nous avons contemplé sa gloire » (Jean 1 – 14)

* Dieu se manifeste donc à l’homme, à l’extérieur de Lui-même. Il est extatique et immanent.
De plus, Il nous a donné l’intelligence et la parole.
Nous pouvons donc recevoir sa Parole et en parler.
« Dieu est transcendant par nature et immanent par action », disait Mgr Jean de St Denis.

Il est donc tout à fait utile et légitime de parler de Dieu et de tenter de formuler avec des mots ce qu’Il nous dévoile de Lui-même et de nous-mêmes.

Ne soyons donc pas incomplets en choisissant de nous taire ou de parler.
Choisissons de parler et de nous taire. Gardons précieusement les deux branches de l’antinomie : ce n’est pas le silence contemplatif ou l’expression de la foi mais les deux ensemble.

 

Voir les extraits de Mgr Jean (Le Verbe incarné)

 
La théologie nous permet de lever un coin du voile car, inspirée par l’Esprit saint, elle nous montre comment Dieu agit à l’égard de l’Homme. Elle nous révèle, de manière imparfaite certainement, mais légitime et voulue par Dieu qui S’exprime :  Qui est Dieu et qui est l’homme.
La théologie et l’anthropologie sont les deux mains jumelles de notre tradition.      

                                                                       *

1- Le premier effet concret de la théologie est de me communiquer une joie profonde, un enthousiasme

… devant toutes les merveilles que la Bible et la pensée des pères me dévoilent :

 

Je découvre un Dieu créateur, qui aime l’homme avec tendresse, qui vient vivre notre propre vie, qui souffre et meurt pour nous sauver, qui ressuscite, qui m’envoie l’Esprit saint, qui m’offre de participer à Sa propre vie !

Un Dieu tout-puissant en amour qui se rend vulnérable par amour pour nous !

Comment rester de marbre face à tant d’amour !

 

* En particulier, l’Incarnation et la résurrection du Christ sont les événements historiques les plus importants, les plus bouleversants de toute l’histoire humaine.

On ne peut les classer rapidement parmi d’autres et passer son chemin.


Personnellement, je suis complètement bouleversé par ces deux événements qui me concernent de si près. Et qui dépassent de loin tous les événements heureux ou malheureux de ma propre vie. Ce n’est pas par hasard que le mot évangile (evangelos) veut dire : bonne nouvelle et le mot « eucharistie » action de grâce !

L’incarnation du Verbe et sa résurrection ne cessent d’être pour moi une source abondante de joie et d’émerveillement.

Ils suscitent  en moi cette attitude de gratitude, de bénédiction, d’action de grâce qui jaillit comme des étincelles dans les lettres de St Paul :

« Que vous mangiez, que vous buviez et quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu. » (1 Co 10, 31)

 «  Soyez toujours dans la joie, priez sans cesse. » ( 1 Th. 5, 16 et 17)

«Réjouissez-vous dans le Seigneur, je le répète réjouissez-vous ! …Ne vous inquiétez de rien mais faites connaître à Dieu tous vos désirs par des prières suppliantes avec des actions de grâce » (Phil. 4)

 « Priez en tous temps .. soyez vigilants et assidus ... » (Eph. 6, 18)

« ... surabondants en action de grâce... » (Col. 2, 7)

« Persévérez dans la prière, vigilants dans l’action de grâce. » (Col. 4, 2)

 

* Cette attitude de reconnaissance joyeuse me fait prendre conscience de ma qualité de prêtre de la création.

La joie intérieure, le sentiment de gratitude est la source de ma prière.

Je me sens profondément uni à la terre et à tout ce qui y vit et je rends grâce au créateur avec reconnaissance et amour.

 

Je vous invite à lire ici les magnifiques extraits ( en annexe) des frères Karamazov où cette conscience déborde dans l’âme du Staretz Zosime et d’Aliocha, le plus jeune frère, touché par la grâce comme cela nous arrive parfois.

 

+ Mgr Kallistos Ware écrit quant à lui :

« La conscience de soi qui nous est conférée par l’image divine rend chacun de nous capable de devenir un être eucharistique, un prêtre de la création, un liturgie cosmique.

Sans une attitude d’offrande joyeuse, sans gratitude et action de grâces, je ne suis pas vraiment une personne.

Les mains levées et paumes tournées vers le ciel. Cette icône de la Théotokos est précisément une expression de notre humanité fondamentale.

Nous ne devenons de vraies personnes à l’image de Dieu que lorsque nous ouvrons nos mains et les levons vers le ciel en action de grâces. » (L’île au-delà du monde)

 

+ Maxime le Confesseur (VII ème siècle) a beaucoup développé ce rôle de l’homme qui est médiateur entre le visible et l’invisible parce qu’il porte en lui une double appartenance : au monde corporel, matériel, et au monde spirituel.

Il a pour vocation de porter en Dieu le monde créé, comme un prêtre, de l’offrir au Créateur.

 

+ C’est d’ailleurs une conviction partagée dans la théologie juive :

Rabbi Shlomo de Karlin disait :

 « L’homme doit aller de degré en degré jusqu’à ce que, à travers lui, tout soit unifié.»

Rabbi Abraham Yaakov de Sadagora enseignait :

 « Toutes les créatures, les plantes et les animaux se présentent et offrent à l’homme ; celui-ci les présente et les offre à son tour à Dieu. Quand donc l’homme se purifie et se sanctifie dans tous ses membres en s’offrant à Dieu, cette purification et cette sanctification s’étendent à toutes les créatures »

 

2- Je ne suis jamais seul : L’Esprit Saint, le Consolateur agit en moi

 

Rappelons-nous cette promesse du Christ la veille de sa Passion : je ne vous laisse pas orphelin, je vous envoie un autre Paraclet (avocat, consolateur) l’Esprit Saint. (Jean ch 14 et 15)

 

* Un chrétien ne peut se dire : il était une époque où Dieu parlait aux hommes. Ah ! bienheureux furent les apôtres qui ont vu le Christ de leurs propres yeux, qui lui ont parlé, l’ont écouté, l’ont touché, ont pu le suivre…

Bienheureux sommes-nous aussi ! car depuis la Pentecôte, l’Esprit Saint vient en nous faire sa demeure, nous inspirer, nous conduire, nous remplir de force…quand nous nous acceptons de nous ouvrir à Sa Présence.

Il nous communique ses énergies déifiantes (énergies incréées) comme le disent les Pères de l’Eglise.
Comment puis-je être triste, désorienté, sans inspiration alors qu’une Personne divine vient habiter en moi quand je lui ouvre la porte intérieure de mon être ?

Je suis le champ de l’Esprit, la terre qu’Il ensemence, le jardin qu’Il cultive.

L’esprit peut régner « sur les pâturages du cœur » de l’homme comme l’écrit Isaac le Syrien.

citation


Croyez-moi, ce ne sont pas des mots pour faire joli !

Le Souffle puissant de Dieu agit en moi, en chacun de nous si nous nous ouvrons à son action et nous plaçons sous son Souffle puissant, comme un bateau qui hisse la grande voile.    

 

+ St Isaac le Syrien écrit :

« Lorsque l’Esprit établit sa demeure dans l’homme, celui-ci ne peut plus s’arrêter de prier car l’Esprit ne cesse pas de prier en lui.

Qu’il dorme, qu’il veille, la prière ne se sépare pas de son âme.

Tandis qu’il mange, qu’il boit, qu’il est couché, qu’il se livre au travail, qu’il est plongé dans le sommeil, le parfum de la prière s’exhale spontanément de son âme. Désormais il ne maîtrise pas la prière pendant des Périodes de temps  déterminées, mais en tout temps. »

Et St Paul :

« Transfigurez vous par le renouvellement de l’Esprit afin de découvrir en vous la volonté de Dieu » ( Rm 12, 1)

 « L’Esprit vient au secours de notre faiblesse car nous ne savons pas comment prier comme il faut, mais l’Esprit Lui-même intercède par des gémissements ineffables. » ( Rm 8, 26)

 

* L’action de l’Esprit en moi n’est pas une idée, un symbole mais une réalité puissante.
L’Esprit me conduit à expérimenter le Souffle même de Dieu.

St Paul écrit :

« Qu’il vous donne d’être puissamment fortifiés par son Esprit pour que grandisse en vous l’homme intérieur » (Eph. 3,16)

 

 

- par la connaissance (et la conscience) de Dieu (Esprit de Vérité)

° «  Quand Il sera venu, l’Esprit de vérité qui procède du Père, Il me rendra

témoignage et Il vous guidera vers la Vérité totale » ( Jean 15/26 et 16/13)

 ° «  L’Esprit scrute tout, jusqu’aux profondeurs de Dieu » (1 Co 2/10)

 ° «  Celui qui a reçu l’Esprit est éclairé, illuminé et chaque jour, poursuit sa croissance spirituelle, évacuant toute trace d’infantilisme et progressant vers la perfection achevée de l’homme. Ce sont des yeux nouveaux que l’Esprit rénovateur lui procure et, de même, des oreilles nouvelles. » (Saint Syméon le nouveau théologien- Catéchèse 14)

 

- par la lumière incréée (expérience mystique)

° « Tu es au-delà de la nature, au-delà de toute essence mais le reflet de Ta gloire divine se laisse voir en nous : c’est une lumière simple, une lumière douce ; Lumière elle se révèle, Lumière elle s’unit tout entière, je pense, avec nous tout entiers...Lumière que l’on contemple en esprit et de loin mais qui Se révèle soudain à l’intérieur de nous » (Saint Syméon le nouveau théologien - Hymne 24)

 

- par les multiples dons (charismes) qu’il prodigue aux hommes qui le reçoivent : les 7 dons de l’Esprit ...(sagesse, intelligence, conseil, force, connaissance, crainte de Dieu ( d’après Isaïe 11/2 ). Mais ce chiffre est symbolique car les dons de l’Esprit sont multiples ...on ne peut en poser la limite.

° « Les fruits de l’Esprit, c’est : amour, joie, paix, grandeur d’âme, bienveillance, bonté, fidélité, douceur, maîtrise de soi. » (Gal. 5, 22-23)

 

- le don suprême est celui de l’amour

 

Tous ces dons sont réunis dans ce qu’on nomme la « grâce »

 

* Je parle ici d’une réalité que l’Eglise nous appelle à expérimenter tous les jours, à chaque minute du jour, me mettre en état d’ouverture, de réceptivité à la Présence en moi de l’Esprit de Dieu pour le laisser agir en moi, m’inspirer, me guider, me transformer, m’ouvrir le cœur et tout mon être : corps-âme-esprit.

 

Car le corps aussi est une demeure pour l’Esprit saint :

« Ignorez vous que vous vos corps sont le Temple de l’Esprit ?
Glorifiez et portez Dieu dans votre corps »
écrit St Paul aux Corinthiens (1 Co 6).

« Merveille étrange : ma chair...mon corps, participe à la gloire divine et resplendit d’un rayon divin... Ton corps brillera comme ton âme et ton âme, comme la grâce qui a brillé sera resplendissante, tout comme Dieu ... (les serviteurs de Dieu) se voient parés d’une gloire ineffable et d’un vêtement divin resplendissant. Et ils se voilent la face parce qu’ils ne peuvent supporter de voir l’éclat incompréhensible et insoutenable de leur vêtement, à tel point qu’ils cherchent un endroit où se cacher pour se délivrer du fardeau excessif de leur gloire  » (Saint Syméon le nouveau théologien - Hymnes 30 et 50  +  Ethique  4 )

 

 

                                                                       *

 

Voilà déjà deux réalités très importantes de notre tradition, deux effets de la théologie :

- l’enthousiasme, la joie et l’émerveillement qui peut m’envahir quand je prends conscience de l’Amour de Dieu et qui me porte à prier, à rendre grâce ;

- l’accueil de l’Esprit Saint en moi : je ne suis jamais seul, mais l’Esprit de Dieu peut agir en moi, à tout instant, me guider, m’inspirer, me transformer dans toutes mes activités, dans mes relations avec les autres, avec Dieu, me faire découvrir qui je suis dans ma profondeur, c'est-à-dire ma personne.

 

                                                                       *

 

3- La théologie nous révèle comment Dieu est dans sa vie trinitaire

 

* Le premier fondement de notre foi chrétienne (le premier dogme), c’est la Vie trinitaire.
Le Christ nous révèle que Dieu est Père, Fils et Esprit saint.


Et les Pères de l’Eglise sont parvenus, sous l’inspiration de l’Esprit Saint à formuler, à mettre des mots justes sur ce mystère pour qu’il puisse être proclamé et vécu dans l’Eglise.

C’est l’œuvre des conciles œcuméniques des premiers siècles.
Cette oeuvre est toujours actuelle et n’a pas pris une ride. Elle ne le pourrait pas car c’est une source de jouvence…

St Irénée de Lyon écrit magnifiquement à ce sujet :

« C’est pourquoi nous gardons avec soin cette foi que nous avons reçue de l’Eglise, … un dépôt de grand prix renfermé dans un vase excellent, car, sans cesse, sous l’action de l’Esprit de Dieu, elle rajeunit et fait rajeunir le vase qui la contient. » (Contre les Hérésies, III, 24, 1.)

 

* Le dogme trinitaire nous enseigne que Dieu, non seulement est personnel (ce que le judaïsme et l’islam proclament aussi) mais qu’il est tri-personnel, inter-personnel.

Dieu est trois personnes en communion.
Puisque Dieu est amour, comment pourrait-Il être seul ?  Une Personne seule ne peut aimer qu’une autre personne.

Dieu est Amour partagé.

Dieu est trois Personnes vivant l’une pour l’autre, l’une vers l’autre, l’une en l’autre, en un mouvement, une ronde sans fin d’échange amour partagé.

Trois Personnes qui sont don total, échange sans rien retenir pour soi, partage en plénitude

« Je suis dans le Père et le Père est en moi » dit le Christ.

Les trois Personnes divines s’interpénètrent (périchorèse) dans un mouvement incessant d’amour comme le représente si bien l’icône d’Andréi Roublev.

C’est comme une danse sans fin où chacune met l’autre en valeur. Non pas moi, Toi !
Maurice Zundel dit de manière juste et poétique que chacune des Personnes divines comme « comme un oiseau qui ne serait que vol », chacune est vol, don, grâce de la légèreté mais aussi intensité, plénitude… .

 

* Très bien ! penserez-vous peut-être, tout cela est bien beau, mais en quoi cela me concerne-t-il ?

Ce que j’éprouve plutôt au quotidien, c’est ma pesanteur physique et morale, ma peine, ma difficulté d’aimer et d’être aimé. Mon insatisfaction, mes déceptions journalières.

Et autour de moi, je vois tant de mensonges, de tromperies, d’égoïsme, de violence, de jugements, d’exclusions…

Qui a-t-il de commun cette lourde humanité que je porte en moi et qui m’entoure avec le Dieu trinitaire dont vous me parlez ? En quoi cela peut il me toucher ?.

 

A cette question bien légitime, la Tradition nous répond :

Un Dieu trinitaire, cela change tout car, malgré les apparences trompeuses, la création tout entière est travaillée de l’intérieur par l’amour divin. St Paul dit qu’elle gémit dans les douleurs de l’enfantement (à la vie divine) (Rom. 8-22)

Mais aussi, autre affirmation fondamentale : chacun d’entre nous, est à l’image de ce Dieu trois en un !

 

Bien sûr, nous pouvons nous moquer de cette réalité, y être indifférent ou l’ignorer totalement parce qu’elle nous échappe.

Mais si nous sommes en quête de notre identité profonde, du sens de la vie et de la mort, si nous sommes en chemin dans la direction que la théologie chrétienne nous dévoile (c'est-à-dire la vie divine !), nous devons nécessairement passer à l’étape suivante que l’on peut résumer par une question :

qu’est ce que le dogme de la Divine Trinité m’apprend de moi-même. Comme peut-il m’aider à vivre différemment ?

 

 4- L’image de Dieu en nous

 

En quoi la Divine Trinité me révèle-t-elle à moi-même ?

 

Le livre de la Genèse dit que Dieu crée l’homme à Son image et selon sa ressemblance.

Cette petite phrase a fait couler beaucoup d’encre car elle est d’une prodigieuse richesse.   

Les Pères se sont beaucoup interrogés sur cette réalité de l’image divine en nous.

Que signifie-t-elle ?

C’est à nouveau une réalité très mystérieuse, c'est-à-dire très riche, qu’on ne finit jamais de découvrir !

Si Dieu est mystérieux, l’homme, image de Dieu l’est aussi !

St Grégoire de Nysse nous le rappelle :

° «  Comme l’une des propriétés de la nature divine est son caractère insaisissable, en cela aussi l’image doit ressembler à son modèle ».

 

* A nouveau ici, il ne s’agit pas de débats théoriques qui planent à mille kilomètres de ma vie concrète car ce qui est en jeu ici c’est cette question fondamentale : qui suis-je ? Qu’est ce que l’homme aux yeux de Dieu ? 

 

La réponse est : Je suis l’icône (image) de Dieu !

Déjà, cette affirmation me trouble et m’émeut. Elle me fait pressentir ma grandeur, ma beauté profonde, mon importance aux yeux du Père, du Fils et du Saint Esprit.

 

° « Ton Créateur t’a honoré au dessus de toute créature. Le ciel n’est pas une image de Dieu, ni la lune, ni le soleil, ni la beauté des astres…Seul, tu as été fait image de la Réalité qui dépasse toute intelligence, ressemblance de la Beauté incorruptible…Il n’est rien parmi les êtres  qui puisse être  comparé à ta grandeur. Dieu qui est si grand et qui contient toute la création dans la paume de sa maison, tu es capable de Le contenir. Il demeure en toi et n’est pas à l’étroit en circulant dans ton être, Lui qui a dit : J’habiterai au milieu d’eux » (Grégoire de Nysse – homélie sur la Cantique des cantiques)

° « L’homme passe infiniment l’homme » écrivait Pascal (Pensées)

° Raimon Pannikar dit que la doctrine de la Trinité n’est pas une seulement spéculation sur les profondeurs de Dieu mais aussi un approche de la grandeur de l’homme.

°« Qu’est-ce que l’homme pour que tu te souviennes de lui et le fils de l’homme pour que tu le visites ? Tu l’as fait de peu inférieur à Dieu, Tu l’as couronné de gloire et de splendeur ! » (Psaume 8).

° Elie Wiesel rapporte cette réponse d’un rabbin hassidique à qui l’on demande : « Quelle est la pire chose que puisse accomplir la Mauvais ? » . Réponse : « Faire oublier à l’homme qu’il est le fils d’un roi ». (Célébration hassidique)

Une autre parole de sagesse juive souligne de manière imagée cette antinomie que nous devons toujours garder à l’esprit :

° Rabbi Bounam disait à un des ses élèves :

« Chacun de nous a deux poches où il pourra, au moment du besoin, puiser à sa convenance :

dans la poche droite, vous garderez cette parole : « C’est pour l’amour de moi que le monde a été créé » et dans la poche gauche : « Je suis terre et cendre ».

Poussière d’étoile dit Hubert Reeves et quand on sait que Dieu a revêtu un corps humain composé de ces poussières (atomes), cela nous enseigne beaucoup de choses !

 

* Si la Bible révèle que nous sommes créés à l’image du Dieu trinitaire, c’est, dit la Tradition, affirmer que nous ne pouvons concevoir l’homme sans Dieu. Cela signifie que Dieu se trouve au centre de notre être.
On ne peut donc comprendre l’homme en dehors de Dieu car le divin est l’élément essentiel de notre humanité, comme l’écrit Mgr Kallistos Ware.

 

* L’Image, nous disent les Pères, telle un kaléidoscope, fait miroiter des couleurs multiples.  On ne peut la représenter que par des touches impressionnistes. Elle évoque plusieurs réalités et notamment :

 

* la liberté dont l’homme est gratifié

Je suis doté d’un libre arbitre qui me permet de choisir ma vie, de m’orienter.

Comme Dieu est libre, Il me donne aussi la liberté car il ne peut y avoir d’amour sans liberté totale de l’être aimé.

Ce n’est pas théorique, Dieu me donne la possibilité de choisir, de faire de ma vie un chemin vers Lui et vers les autres…ou de tourner le dos, de m’éloigner de la source de Vie….
° « Voici, je place devant toi la vie et le bien, la mort et le mal…. Choisis la vie afin de vivre ! (Deutéronome 30- 1 et suivants…).

 

Bien sûr, nous avons souvent le sentiment de ne pas être réellement libres, mais déterminés à notre insu par de multiples conditionnements (culturels, familiaux, psychologiques…) qui nous entravent et nous aveuglent. C’est vrai.
Mais c’est ici qu’interviennent deux attitudes fondamentales dans la vie spirituelle (et la vie tout court): la prise de conscience de mon état intérieur et le travail sur soi.

Dans le cadre limité de cet exposé, je ne peux approfondir ces deux points qui sont d’une importance extrême dans la vie spirituelle et mériteraient de longs développements.
Nous entendrons cet après midi père Jean Thierry nous commenter la prière de St Ephrem.

 

* la croissance

L’Image de Dieu en nous implique un mouvement, un progrès, un dynamisme interne de l’être.
La Bible paraît distinguer l’image de la ressemblance et la plupart des Pères y ont vu le signe d’un projet, d’une progression proposés à l’homme.

Nous partons de l’image (que l’homme conserve toujours en lui comme l’empreinte d’un sceau divin dans la cire malléable de la nature humaine) vers l’état de ressemblance qui est la sainteté, la déification, c'est-à-dire un accomplissement de notre personne dans la vie même de Dieu.

Origène écrit :

° « Les hommes, à leur première création, ont reçu l’honneur de l’image, mais la pleine perfection de la ressemblance divine ne leur sera conférée qu’à la consommation de toute chose. »

 

Image et ressemblance sont les deux points, de départ et d’arrivée, entre lesquels l’homme est appelé à voyager, tel un pèlerin toujours en mouvement vers la Vie divine, comme St Paul qui s’écrie :

° « Oubliant le chemin parcouru, je vais droit vers  l’avant, tendu de tout mon être et je cours vers le but » (Ph.3-13)

 

Être créé à l’image de Dieu signifie que nous sommes appelés à partager la vie divine parce qu’il y a entre Dieu et nous une parenté étroite voulue par Dieu.

Nous ne pouvons vivre séparés de Lui sans nous renier nous-mêmes, sans nous perdre, sans oublier qui nous sommes en réalité : la fiancée que Dieu attend !

De manière audacieuse, Origène compare Dieu à un mendiant d’amour qui attend patiemment que l’homme se tourne vers Lui !

Pensons aussi au père du fils prodigue qui attend chaque jour le retour de son enfant égaré… (Luc ….)

 

* La relation de personne à personne

 

Etre à l’image de Dieu, c’est, fondamentalement être une personne, unique, libre et capable d’aimer.  

Ce sujet est si important qu’il mérite un chapitre à part entière.

 

5- Je suis une personne à l’image des Personnes divines

 

* Qu’est-ce qu’une personne ?
Décidément, comme Alice au pays des merveilles, nous passons d’un mystère à l’autre.
Car si la Vie trinitaire est une réalité mystérieuse et si l’image de Dieu en nous ne l’est pas moins, nous voici confrontés à une nouvelle énigme : la personne !

 

Que peut-on en dire ?

 

* Nous avons vu que la caractéristique essentielle de Dieu c’est d’être trois Personnes en relation d’amour, en communion les unes avec les autres.

Puisque je suis aussi une personne à Son image, ma vocation d’homme ne peut s’accomplir que dans des relations d’amour désintéressé avec d’autres personnes.

Personnes divines (relation verticale) et personnes humaines (relation horizontale)

Si Dieu est amour partagé, don de soi, circulation incessante d’un courant relationnel d’une Personne à l’autre, alors, l’homme, personne à l’image de Dieu, l’est aussi dans sa profondeur.

 

* Certes, ce n’est pas l’expérience que nous en avons souvent car ce qui apparaît surtout dans le monde déchu (dont je fais partie !), ce sont les individus centrés sur eux-mêmes, victimes de leurs passions incontrôlées, des êtres qui souffrent et font souffrir, victimes de la violence et eux-mêmes bourreaux d’autres victimes ! Quel tableau !

Il faut reconnaître que dans cette jungle, l’image de Dieu est plutôt recouverte par des tas de choses peu engageantes...
Et même quand Le Verbe se donne la peine de venir vivre comme un homme parmi les hommes, Il est rejeté par la plupart, moqué et mis à mort de façon ignoble !

Où se trouvent les personnes humaines lors de la Passion du Christ et quand tous les innocents de la terre, tous les pauvres, les marginaux, les exclus sont mis à mort, torturés, bannis ?

La foule indistincte et meurtrière qui vocifère sur la passage du Christ portant sa croix est un agglomérant d’individus anonymes et désoreintés au sens fort du terme.

 

La personne, « être relationnel mû par l’amour » est-elle une pure utopie ou un héros de conte de fée ?

 

* C’est ici, me semble-t-il que nous avons bien besoin du secours de la théologie qui nous enseigne qui est Dieu et qui nous sommes dans notre profondeur.

Et qui nous dit : non, tout non pas perdu, ne perdez pas courage : vous n’êtes pas cela, cette caricature d’être humain bien plus cruel qu’un animal !

 

Tu es créé à l’image de Dieu !

Cela signifie que tu es une personne capable de don de soi, de service désintéressé, d’amour gratuit du prochain.

Tu ne t’identifies pas avec la violence, avec la cupidité, avec la haine qui peut t’habiter.
Il y a, certes, en toi un individu pécheur, coupé de sa source, qui s’égare loin de Dieu mais il y a aussi, plus fondamentalement, une personne, qui ne peut exister et s’épanouir que dans une relation d’amour partagé.
N’est-ce pas, d’ailleurs, notre aspiration profonde ? 

Nous voyons d’ailleurs que des êtres humains sont capables de réaliser cette vocation : par petites touches successives et sporadiques, comme dans ma vie, ou de manière plénière, comme de grands phares, dans la vie des saints.

 

* « J’aime donc je suis », voilà la vocation et la définition de l’homme créé à l’image du Dieu trinitaire.

 

Cela signifie que j’ai besoin de vous pour être moi-même, dans ma réalité profonde. Et vous avez aussi besoin de moi (et des autres) pour découvrir votre personne.

 

* Chaque personne est unique, incomparable aux milliards d’autres.
Mon visage est unique, ma voix est unique, mes gestes, ma manière d’être au monde.
Je suis irremplaçable.

 

+  Mgr Kallistos Ware écrit :

°« Il y a en chacun de nous un trésor sans prix que l’on ne peut trouver chez l’autre. Dès avant notre naissance – en fait, de toute éternité -, Dieu le Créateur connaît chacun de nous dans son unicité.

Il a pour chacun un amour particulier et un projet différent.

En chacun de nous, Il discerne des possibilités qui ne peuvent être réalisées par personne d’autre dans l’univers.

Chacun a la vocation de créer quelque chose de beau à sa manière propre, qui est inimitable. Jésus-Christ donnera un caillou blanc et « sur ce caillou blanc sera écrit un nom nouveau que nul ne connaît, hormis celui qui le reçoit » (Ap 2,17).

Avez-vous remarqué combien les visages humains sont variés ?

De ce caractère unique, il découle que chaque personne humaine a une valeur infinie.

Le reclus abba Zosime de Palestine (VIe s.) affirme que « le salut d’une seule personne faite l’image de Dieu a plus de prix aux yeux du Seigneur que 10.000 mondes et tout ce qu’ils contiennent ».

Emerveillement devant ce mystère inépuisable de notre propre personne. » (L’île au-delà du monde).

 

* Ceci, à nouveau est très concret !

La découverte et la réalisation de notre personne dans une communion avec les Personnes divines et les personnes humaines, c’est tout simplement notre programme de vie, comme nous l’enseigne notre Tradition.
Il est essentiel d’en prendre conscience.   

 

° « Si l’être divin est un «être relationnel», alors l’être humain est pareillement relationnel ; et s’il est impossible de parler de l’être de Dieu en dehors du concept de communion, alors ce même concept de koinônia est également essentiel à tout notre discours sur l’humanité.

Dieu est solidarité, échange, don mutuel ; telle est donc également la personne humaine.

Faits comme nous le sommes l’image du Dieu trinitaire, aucun d’entre nous ne peut se réaliser en tant que personne dans l’isolement ».

Dieu n’est pas amour de soi, mais amour mutuel et partagé ; c’est également vrai de la personne humaine. Dieu, nous l’avons dit, est échange, don de soi, solidarité ; il en va de même de la personne humaine à l’image de Dieu.

Parce que l’être de Dieu est un être relationnel, la personne humaine à l’image de Dieu est aussi relationnelle. Je n’existe qu’en relation dynamique avec l’autre [ … ]. Le moi est constitué par sa relation à l’autre. »

 Puisque la réciprocité est constitutive de la personne, il s’ensuit que j ’ai besoin de « toi » pour être moi-même.

Je ne suis vraiment humain, vraiment personnel, que si je suis en relation avec les autres à l’image de la Sainte Trinité. » (Kallistos Ware – l’île au-delà du monde)

 

 

*  Certains théologiens orthodoxes (Fiodorov ou Mgr Jean de St Denys notamment) vont encore plus loin et affirment audacieusement : la Trinité est notre programme social.

En d’autres mots, notre but à nous les chrétiens c’est d’établir sur terre un nouveau modèle de relation entre tous les hommes (qui l’acceptent) de transformer nos relations en communion de personnes, à l’image de la Divine Trinité.  

Plutôt que d’entrer dans des rapports de force, typiques des individus qui vivent centrés sur eux-mêmes et leurs seuls intérêts, nous sommes, en tant que personnes à l’image de Dieu, appelés à établir des liens fondés sur le partage, la compassion, la solidarité, l’échange, la transformation du monde…

 

° « Chaque groupe social – famille, paroisse, diocèse, conseil d’église, école, bureau, usine, nation – a pour vocation d’être transformé par la grâce en une vivante icône de la divine périchorèse (Interpénétration des Personnes divines).

Chaque groupe est appelé à refléter ce que nous avons appelé la «  sobornost » de Dieu, pour réaliser une harmonie entre la diversité et l’unité, entre la liberté et la solidarité mutuelle, à l’image le la Trinité.

Notre foi en un Dieu trinitaire, en un Dieu d’inter-relation sociale et d’amour partagé nous engage à nous opposer à toutes les formes d’exploitation, d’injustice et de discrimination. Dans notre combat pour les droits de l’homme, nous agissons au nom de la Trinité.

(Kallistos Ware op cit.)

 

Christian Arnsperger, applique ce programme à l’économie :

° « Le fondement même d’une économie trinitaire doit être un nouveau paradoxe.

D’un côté, circulation ininterrompue de l’agapè, donc du souci actif et concret de l’autre dans une active et concrète désappropriation de soi : que personne jamais et nulle part ne manque de ce dont il a besoin.
D’un autre côté, affinement et simplification ininterrompue des besoins à travers la méditation de l’évangile et la pratique de la contemplation, afin que, ce dont j’ai besoin soit le peu qui suffit pour entendre et vivre la parole de Dieu.
Il n’y a dans la logique trinitaire aucun repli sur soi, aucun retour vers soi des Personnes divines...

Synergie dans laquelle aucun sujet d’amour n’est objet…ce qui circule entre les personnes divines n’est rien d’autre que « Celui qui est »…
Un programme économique trinitaire est donc, je pense, un projet de circulation relationnelle où la marchandise est seconde à l’égard de ce qu’elle véhicule – souci, sollicitude, prévenance, agapè.

Voilà qui pose des questions bien plus radicales encore que celles que le marxisme ou l’anarchisme ont pu poser…

Concentrer, accumuler, accaparer sont ni plus ni moins que des rejets des autres en dehors de nous jusqu’à l’infarctus du système social qu’est l’inégalité exacerbée et la nécrose de zones de misère désormais jugées inutiles au reste de la société…
Ce qui est implicite, dan la vision trinitaire c’est une désappropriation de soi, de son « moi ». Le paradigme de la communion – de la commune union – postule une profonde refonte de la notion même de rationalité économique...
Une économie trinitaire serait donc, de façon essentielle, une économie du partage…
Une économie trinitaire, c’est me relier à toi, te relier à moi, au n om de la Source de tout lien. »
(Notre programme social, c’est la Trinité – Méditation sur l’économie trinitaire »

 

 

6- La transformation de soi: passer de l’individu à la personne

 

Il est évident que si nous sommes appelés à passer de l’image à la ressemblance, de quitter l’individu (« le vieil homme » ou « l’homme psychique » dirait St Paul) pour devenir des personnes (« l’homme nouveau » ou « spirituel » ou « intérieur »), il y a du pain sur la planche !

C’est toute la question du chemin spirituel qui se pose ici.

Ce chemin de renouvellement de mon être en profondeur se réalise par deux approches complémentaires :

 

- le travail personnel

prise de conscience, retournement, ascèse…

 

- le travail de Dieu en nous

 

Les deux sont indispensables, dans une synergie féconde.
Si j’agis seul sans l’aide de Dieu, je ne sais pas où aller

 

Un troisième ingrédient intervient dans cette préparation culinaire, cette alchimie de l’homme nouveau :

- un lieu où cette synergie puisse s’accomplir avec nos frères humains.
Pour nous, chrétiens, c’est L’Eglise, véritable laboratoire de notre divino-humanité

 

 

…Mais il est temps de mettre un terme (provisoire) à cet exposé.
Si certains de vous sont intéressés, nous pourrons poursuivre un autre jour sur ce sujet passionnant du travail personnel et de la vie fraternelle en Eglise.