EXTRAITS DU LIVRE

MAXIME KOVALESKY
L'homme qui chantait Dieu

 
Matière et transfiguration

[...] " En Russie, pendant la révolution, cette rénovation des icônes et des coupoles a été vécue comme les prémices, à terme inconnu, d'une révolution spirituelle de l'Église. J'ai vu moi-même pendant un office, se faire la rénovation d'une icône : pendant un laps de temps relativement court, s'est opérée une transformation spontanée qui, normalement, aurait exigé du temps et du travail. Le temps était aboli. C'est un phénomène historique auquel on peut appliquer l'explication que l'on veut, mais je crois qu'il symbolise une réalité très profonde et typique de la théologie orthodoxe : la possibilité d'une transfiguration".

Devenu l'évêque Jean, premier évêque de l'Église orthodoxe de France, Evgraf avait souhaité utiliser cette concordance symbolique autour du 1e` mai, devenu jour de la "Fête du travail" des hommes, pour en faire la fête du travail des anges, ces énergies présentes dans l'invisible, qui, sous ses yeux, avaient nettoyé les icônes et les toits des églises. Il n'en a pas eu le temps mais il a sanctifié ce jour férié civil en dédiant la liturgie du 1er mai à Notre-Dame-du-Travail. Et il a peint sur un panneau de plus d'un mètre carré, une grande icône représentant la Vierge tenant largement écartés les pans de son manteau sur lesquels apparaissent, dans des médaillons, les principaux corps de métiers. Il pensait alors l'offrir aux Compagnons du Tour de France.

Par association d'idée à ces réflexions de Maxime qui tente une explication du fait miraculeux, me revient ici l'homélie que lui-même, comme diacre, avait faite le ler dimanche après Pâques de 1982, en commentaire de l'apparition du Christ aux disciples (Jean XX, 19-31). Il disait : "La vie nouvelle qu'apporte le Christ est une ouverture sur une nouvelle voie où plus rien n'est fermé. Le texte évangélique rapporte que les apôtres se trouvant dans une pièce aux portes fermées, le Christ y pénètre en personne, et en montrant ses plaies, il manifeste qu'il n'est pas une vision de l'esprit, mais un "Corps transfiguré", un corps nouveau devant lequel cèdent toutes les résistances matérielles telles que nous croyons les connaître.

"Et qu'est-ce que "la matière" ? Saint Maxime-leConfesseur, au Vlème siècle, la définit comme "la condensation du spirituel", comme un ensemble d'énergies qui offrent une résistance. Or, dans le monde transfiguré, il n'y a plus de résistance. Tous les êtres se donnant en plein amour..., il n'y a aucune raison pour que cette matière ne puisse pas être traversée par un "corps glorieux" ".

Quand je lui demandais sous quelle forme il concevait la vie dans l'au-delà, cette réalité au-delà de l'apparence, il ne cherchait pas à formuler d'explication qui serait née de raisonnements intellectuels ou de rêveries visionnaires. Il disait simplement : "On ne sait pas...". Il faisait confiance à Dieu.

Il ne savait pas, mais disait en d'autres circonstances : "Le réel n'est pas rationnel. Et cette matière qui, à nos sens et à notre raison humaine, paraît être la réalité par sa forme et sa résistance (et il frappait la table du plat de la main), la science physique ne nous enseigne-t-elle pas qu'elle est pleine de vide, de même qu'apparaît à nos yeux le cosmos infini, parsemé d'astres? Pourquoi serait-il impossible à un corps transfiguré de circuler dans ce vide entre les particules que des énergies maintiennent à leurs places respectives ?".

 
 

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