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LES FONDEMENTS DE L’ORTHODOXIE OCCIDENTALE


APERÇU SUR L'EGLISE DES GAULES DEPUIS LES TEMPS APOSTOLIQUES

Pour mesurer avec justesse la place que peut occuper aujourd'hui l'Eglise des Gaules au sein de l'Eglise orthodoxe universelle, il est bon de jeter un coup d'oeil, aussi rapide soit-il, sur son histoire.

L'Eglise des Gaules qui tire son origine des temps apostoliques, est bientôt comme ses Eglises-soeurs autocéphales, organisée en diocèses qui eux-mêmes se regroupent en métropoles, chaque métropole ayant à sa tête un évêque-primat ou métropolite. Tout en sauvegardant leurs libertés respectives, les métropoles s'organisent progressivement en unités plus vastes et plus complexes autour de sièges patriarcaux (ou exarchats).

En 325, le premier concile œcuménique (Nicée) accorde un privilège d'honneur aux évêques de Rome, d'Alexandrie, d'Antioche et de Jérusalem qui, tous quatre, occupent une "chaire apostolique". Le 2ème concile œcuménique (Constantinople - 381) l'accorde également à l'évêque de Constantinople, la Nouvelle Rome. Ces privilèges ne signent nullement que l'Eglise du Christ n'est partagée qu'en cinq patriarcats ainsi que le prétendront certains canonistes beaucoup plus tard. En effet, à côté de ces cinq patriarcats, plusieurs Eglises autocéphales demeurent indépendantes, ce que confirme le 3ème concile œcuménique (Ephèse - 431) avec, comme exemple, l'indépendance de l'Eglise de Chypre vis-à-vis de celle d'Antioche.

Au IVème siècle, l'Eglise des Gaules est composée d'une quinzaine de métropoles qui coïncident à peu près avec les provinces civiles. Dans la Gaule franque : Vienne, Narbonne, Arles-Aix (métropole à laquelle se rattache par intermittence celle de Marseille), Eluse (Eauze), Bourges, Bordeaux, Embrun, Tarentaise, Besançon, Lyon, Rouen, Tours, Sens ; dans la Gaule belge : Trèves, Reims ; dans la Gaule germanique : Mayence, Cologne. Chaque métropole renferme environ 5 à 8 diocèses. Par exemple celle de Narbonne comprend les diocèses de Toulouse, Béziers, Nîmes, Lodève, Uzès, Agde. Comme dans d'autres Eglises, certaines métropoles naissent alors que d'autres fusionnent.

Deux métropoles s'imposent peu à peu comme patriarcat-exarchat : Arles (siège apostolique de saint Trophime et résidence impériale) devient le centre des métropoles du Sud, et Lyon-Vienne (deux villes très proches l'une de l'autre et, depuis saint-Irénée - IIe siècle - honorées comme capitales du christianisme en Gaule) constituent le centre des métropoles du Nord. Si Lyon prédomine durant les premiers siècles, c'est Vienne qui devient le centre du IVe au VIIe s., mais plus tard Lyon reprendra la place primatiale. Les évêques d'Arles et, selon les périodes, ceux de Lyon ou de Vienne, réuniront des conciles de plusieurs provinces qui, eux-mêmes, se réuniront souvent en Conciles généraux des Gaules[3]. La conscience de l'unité de l'Eglise des Gaules est très forte malgré l'absence d'un centre canonique unique, unité de fond restée méconnue jusqu'aux recherches des savants du XXe siècle.

Au Ve siècle, saint Hilaire d'Arles s'efforce d'unifier l'Eglise des Gaules sous sa seule juridiction apostolique, mais il échoue dans sa tentative car l'indépendance du primat de Lyon-Vienne est soutenue par le pape de Rome Léon le Grand. Au VIe siècle, Arles perd de son influence et, sans heurts, le patriarche de Lyon devient seul chef de l'Eglise des Gaules.

Quels sont alors les rapports de l'Eglise des Gaules avec les autres Eglises d'Occident, en particulier de Rome ? Ils sont exactement semblables à ceux qu'entretiennent entre elles les Eglises d'Orient à la même époque. L'Eglise de Rome jouit d'un prestige moral incontesté. On lui demande souvent conseil, mais canoniquement elle ne détient aucun pouvoir particulier sur une quelconque Eglise. Pour les cas de contestation d'un jugement rendu par un métropolite, le concile de Sardes (344) établit le "droit d'appel" à l'évêque de Rome. Le 4ème Concile de Chalcédoine (451) étendra ce rôle d'instance à l'évêque de Constantinople. Toutefois le droit d'appel qui sous-entend le devoir qu'a l'appelé d'y répondre, n'ouvre pas à ce dernier le droit d'intervenir à d'autres moments dans les affaires intérieures d'une Eglise autocéphale s'il n'y a pas été particulièrement invité. Il faut attendre le IXe siècle pour constater des empiètements à cette règle, abus qui susciteront discussions et vives critiques.

Par ailleurs, en ce qui concerne les décisions prises par les conciles des Gaules, elles ne sont pas nécessairement soumises aux appréciations exprimées à Rome. On verra par exemple saint Hilaire d'Arles aller personnellement à Rome pour confirmer au pape de Rome Léon le Grand que les décisions prises par le concile général des Gaules tenu sous sa présidence sont irrévocables et définitives. Rome ne jouit pas davantage d'un droit de contrôle sur les Eglises autocéphales d'Occident (Gaules, Espagne, Irlande et même Italie) que le patriarche de Constantinople n'en a sur les Eglises autocéphales d'Orient. En résumé, l'Eglise des Gaules est autonome et jalouse de son indépendance. L'Eglise de France en conservera longtemps la nostalgie.

La collaboration de deux forces, celle de l'évêque de Rome et celle du roi des Francs commence au VIIIe siècle, à partir de Pépin le Bref, père de Charlemagne. En 752, le pape de Rome, qui ne trouve pas d'appui militaire auprès de l'empereur de Byzance, demande à Pépin, chef du royaume franc, "aide et protection" contre les envahisseurs lombards (qui sont ariens). Pépin défait les Lombards et offre au Pape une partie des terres conquises, créant ainsi les Etats de l'Eglise. En échange, il reçoit le titre de patrice de Rome et, avec la bénédiction de l'Eglise, il est couronné roi des Francs à titre héréditaire. Il s'engage également à introduire le rite de Rome dans l'ensemble du royaume, en y éliminant l'ancien rite des Gaules.

Charlemagne va réaliser cette promesse de son père, car elle s'accorde avec l'ambition commune à la papauté et à la royauté franque : centraliser les pouvoirs[4] par l'unification politique appuyée sur l'unification des usages religieux quant au rite et à la langue. Toutefois le rituel alors pratiqué à Rome se révèle nettement insuffisant pour permettre la célébration de tous les offices en usage en Gaule. Pour introduire ses réformes, Charlemagne confie alors à des savants, tel l'Anglais Alcuin, le soin de compléter et d'élargir les livres venus de Rome. Ce travail d'enrichissement se fera progressivement par l'insertion d'éléments du rite des Gaules et de certains usages locaux. Ce sont les rites ainsi complétés, revenus à Rome au cours d'échanges constants entre l'Empire franc et le Siège pontifical, qui formeront progressivement la version officielle du rite romain tel qu'il sera pratiqué durant tout le Moyen-Age jusqu'au Concile de Trente (1563).


Notes :
[3] Ces évêques seront appelés primats et au VIe s. patriarches ou exarques (ce titre d'exarque ne définit pas les mêmes charges que celles des exarques modernes qui sont des ambassadeurs nommés par les patriarches pour représenter leur Eglise et administrer celles de la diaspora). Au VIe s., le titre de patriarche est accordé aux évêques de Milan, Lyon, Tolède, Canterbury• aussi bien que de Rome. On retrouve leur signature au bas des procès-verbaux des conciles généraux. Dans l'Eglise des Gaules, évêques, métropolites et patriarches sont élus par le clergé et par le peuple qui, ensemble, forme le "peuple royal". Dans les deux premiers cas, l'élection est ensuite ratifiée par la hiérarchie immédiatement supérieure. Quant au patriarche, dont l'élection est approuvée par les métropolites et les archevêques, il annonce lui-même sa nomination aux autres patriarches, ceux d'Orient et celui de Rome. A propos de l'élection des évêques, le concile d'Orléans (VIe s.) dit : "Toute élection d'évêque sans le consentement du peuple est nulle." Léon le Grand écrit à l'évêque de Narbonne: "On ne saurait tenir pour évêque quiconque n'est pas élu par le clergé et demandé par le peuple."
[4] Des documents qui, ultérieurement se révéleront des faux mêlés à des textes authentiques vont contribuer à saper les droits des métropolites et des patriarches en faveur de l'instance unique du pape de Rome. Ces documents qui portent le nom de "fausses décrétales" ont eu des conséquences graves et durables.

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